Brigitte Prot : «Il faut bouleverser la durée des cours»

Les mutations sociales et le boom des nouvelles technologies ont changé radicalement les rapports des jeunes aux savoirs, mais aussi aux adultes, estime Brigitte Prot, psychopédagogue, enseignante et formatrice.
L’école n’est plus adaptée à la réalité de ce qu’ils vivent. Et la formation des enseignants encore moins.

Vous voyez dans votre pratique quotidienne de plus en plus d’élèves qui s’ennuient ou sont démotivés. Et la formation des enseignants encore moins. 

Beaucoup d’élèves disent qu’ils s’ennuient à l’école. Mais le développement de la démotivation va au-delà du simple ennui. Il est lié à un bouleversement cognitif et relationnel qui s’est accéléré ces deux dernières années. Pour se motiver, il faut en effet se sentir sécurisé.

Or les enfants et les adolescents ont vécu les effets de la crise financière de façon très insécurisante. Notamment les garçons au collège, qui sont encore plus nombreux à se démobiliser. « À quoi bon faire des études si c’est pour se retrouver au chômage », disent-ils. La crise financière, en dévoilant des usages contraires à l’éthique, leur a fait perdre confiance aux adultes, à l’avenir qu’ils leur préparent.

Dans le même temps, le boom des nouvelles technologies a opéré dans la vie des enfants et des adolescents une autre mutation profonde. Elle a changé radicalement leur rapport au savoir. Ils savent que toutes les connaissances dans tous les domaines sont à portée d’un clic. Quand je leur parle par exemple de « mémoriser », c’est la mémoire vive de l’ordinateur qui leur vient en premier à l’esprit, et non la mémoire humaine.

Ils sont habitués à grappiller des informations, au moment où ils en ont besoin. Ils sont aussi en train de développer de nouvelles compétences, à l’insu des adultes. Les enfants d’aujourd’hui ne zappent plus, ils jonglent ! Ils ne se contentent pas de passer d’une chose à une autre, ils sont capables de faire plusieurs choses à la fois. Autrement dit, l’usage qu’ils font des nouvelles technologies est en total décalage avec ce qu’on leur demande à l’école.

Propos recueillis par Christine Legrand

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Le site de Brigitte Prot

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